L’envol de la paruline orangée

Le billet d’aujourd’hui nous vient de Jess Matthews, naturaliste en chef au parc provincial Rondeau. Un grand merci à Kevin Gevaert pour ses photos de la paruline orangée!

Fermez les yeux.

Essayez d’imaginer un printemps sans chant d’oiseaux.

Un printemps sans éclats de couleur dans les buissons.

Une forêt silencieuse, vide d’orange, de jaunes, de bleus et de rouges…

… cela semble difficile à imaginer, surtout si vous passez du temps au printemps au parc provincial Rondeau, où les parulines migratrices semblent décorer les branches d’arbre de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

Bien qu’il nous soit difficile d’imaginer une situation aussi navrante, la réalité pour un oiseau chanteur du printemps est celle de la disparition, du silence et de l’extinction.

La paruline orangée figure actuellement sur la liste des espèces en voie de disparition au Canada, ce qui signifie qu’elle est menacée d’une extinction imminente (et qu’elle disparaîtra donc du Canada).

La perte de l’habitat

Cette magnifique paruline aux couleurs vives a une aire de répartition limitée au sud-ouest de l’Ontario au Canada, et a besoin, pour se reproduire, de terres humides boisées comme les marécages (terres humides saisonnières) du parc Rondeau.

Il n’y a pas d’autres parulines comme celle-ci en Ontario; elles se démarquent, même au sein de leur propre groupe, par leur unicité et leur fragilité.

Cette exigence d’habitat spécialisé signifie qu’il ne reste plus beaucoup d’endroits propices aux parulines orangées. Compte tenu de la tendance actuelle à la perte d’habitat, les possibilités qui s’offrent à elles ne cessent de disparaître chaque année.

Cela signifie également que si vous voulez apercevoir ces magnifiques créatures, c’est au parc Rondeau que vous les verrez, aux mois de mai et juin.

Protection de la paruline

Le parc provincial Rondeau compte plus de 3 000 hectares de terres humides protégées qui sont idéales pour les besoins de nidification de la paruline.

Pour les aider, le personnel a installé partout dans le parc des nichoirs artificiels spécialement conçus pour la paruline orangée.

Le fait qu’elles viennent se reproduire au parc Rondeau est une merveilleuse nouvelle pour les milliers d’ornithologues qui affluent chaque année au parc pour y observer les oiseaux au mois de mai.

L’une des vedettes du spectacle est cet étonnant oiseau chanteur. Il est (presque!) garanti de les voir au printemps, car leurs aires de nidification se trouvent le long du sentier Tulip Tree, l’un des sentiers les plus populaires du parc.

Si vous empruntez le sentier Tulip Tree, vous y verrez de longues passerelles enjambant d’immenses marécages dont la surface tranquille reflète les majestueux tulipiers d’Amérique.

La paruline orangée y voit un habitat de nidification idéal, lui offrant la protection voulue et la source de nourriture que lui procure l’eau. En observant attentivement, vous remarquerez que ce magnifique oiseau jaune voltige sur les branches basses, glanant des insectes aquatiques à la surface de l’eau.

Et l’observation attentive est exactement ce que fait le personnel du parc Rondeau.

En 2022, il a ajouté de nouveaux nichoirs aux marécages boisés du parc afin de favoriser l’espace d’habitat de ces oiseaux rares.

Il a également renforcé la surveillance, particulièrement de chaque nichoir pour détecter toute activité de nidification et en écoutant le chant distinctif « tsuite-tsuite-tsuite-tsuite » du mâle.

Cette recherche nous permettra de mieux comprendre les besoins de ces oiseaux et la façon dont leur population réagit face à l’aide que lui procurent les humains.

Que signifierait la perte de ce joyau du sud?

La perte de cet oiseau aurait des répercussions bien plus importantes que la disparition de son magnifique plumage jaune doré et de son chant dans la forêt.

Les ornithologues amateurs et les campeurs n’auraient plus le plaisir d’observer cet oiseau!

Des milliers de personnes n’auraient plus l’occasion d’apercevoir ce bel oiseau rare. Des personnes partout en Ontario et aux États-Unis n’auraient plus la possibilité d’observer son comportement fascinant, qui consiste à glaner des insectes à la surface de l’eau.

Cela signifie également que nous assisterons à un déclin des fonctions de l’écosystème. La paruline orangée a certainement une place et un rôle à jouer pour maintenir le sain équilibre de l’écosystème.

Un oiseau qui se nourrit d’insectes aquatiques comme les larves de moustique dans les marécages? Voilà une espèce qu’il vaut la peine de protéger!

Vous cherchez des moyens d’aider la paruline orangée?

Si vous vivez dans le sud-ouest de l’Ontario et que vous possédez des terres comportant des marécages boisés, envisagez d’installer un nichoir pour augmenter l’habitat. Vous trouverez des renseignements sur les nichoirs dans le site NestWatch.

Vous pourriez avoir un impact considérable sur les espèces en péril en vous renseignant sur celles-ci et en partageant vos connaissances. La lecture de ce blogue (pensez à le partager avec un ami!) et la participation aux programmes Découverte de Parcs Ontario constituent d’excellents moyens d’en apprendre davantage.

Enfin, pensez à faire un don à Parcs Ontario. Votre don contribuera à financer la science et la recherche, ainsi qu’à poursuivre les mesures de protection de ces habitats vitaux.

Ceci est le quatrième billet de notre série de 2023 sur les espèces en péril.

Lisez notre article précédent : Ours polaires et parulines orangées : des espèces en voie de disparition