La publication d’aujourd’hui nous vient de Kelsey Fenwick, naturaliste principale du parc provincial Blue Lake.
Pour beaucoup, l’apparence magnifique du papillon lune est un spectacle unique qui suscite la curiosité et l’émerveillement. Le papillon lune se sert astucieusement de son apparence pour éviter de devenir le casse-croûte d’une chauve-souris!
La première fois que j’ai aperçu un papillon lune, enfant, j’ai été fascinée. Je me suis demandé si j’avais découvert une fée ou une autre créature magique!
C’était la première fois qu’un insecte attirait mon attention et ma curiosité.
Une beauté à contempler
On n’oublie pas facilement l’apparence d’un papillon lune.
Leur taille leur permet de se démarquer. Avec une envergure alaire pouvant atteindre plus de 10 cm, il s’agit de l’une des plus grandes espèces de papillons de nuit d’Amérique du Nord.
Leurs ailes vert pâle sont bordées de violet profond, avec des ocelles frappants rappelant la lune (d’où leur nom), et leurs ailes postérieures ont un élégant prolongement.
Tous ces éléments attirent l’attention et suscitent l’émerveillement, que nous soyons déjà familiarisés avec leur beauté ou non.
Bien que ces caractéristiques soient intrinsèquement belles, elles jouent également un rôle important pour la survie du papillon lune.
Les papillons lunes et les chauves-souris ont su s’adapter aux ruses de l’autre en raison de la relation prédateur-proie qui les unit.
Toutefois, avant d’approfondir la relation entre ces adversaires acoustiques, examinons de plus près les papillons de nuit.
Voir la situation dans son ensemble
Les papillons de nuit (et les papillons de jour, leurs proches parents) font partie de la famille d’insectes des lépidoptères. Leur nom se traduit par « aile à écailles », car leurs ailes sont constituées de milliers de minuscules écailles qui se chevauchent et produisent des couleurs individuellement, comme les pixels d’une photographie.
Ces écailles peuvent prendre une multitude de couleurs et de formes pour créer les formes et les motifs intéressants que l’on peut observer sur les ailes des papillons de nuit.
Celles des papillons lunes présentent deux adaptations utiles.
Les ocelles du papillon lune sont conçus pour imiter les yeux d’un animal plus grand afin d’effrayer les prédateurs potentiels.
La partie inférieure de ses ailes est allongée, un peu comme si le papillon lune avait une paire de queues. Il est intéressant de noter que la fonction de ces queues n’est pas liée au vol; elles ont une autre fonction.
Pour mieux comprendre cette fonction, intéressons-nous à l’autre pièce du puzzle…
Les chauves-souris!
Les chauves-souris sont une espèce fascinante qui est associée à des choses effrayantes comme Halloween ou les vampires. Alors que les chauves-souris peuvent être perçues comme effrayantes par certains, un monde sans chauves-souris serait en fait à craindre.
Ils jouent un rôle important dans la gestion des populations d’insectes – surtout dans les zones humides – en mangeant des éphémères, des moustiques, des papillons de nuit et d’autres insectes qui, s’ils prolifèrent, peuvent causer des dommages aux formations végétales.
Les chauves-souris contribuent à empêcher la surpopulation de ces espèces, ce qui contribue à protéger la santé de l’écosystème dans son ensemble.
Les chauves-souris ont une technique intéressante pour chasser leurs proies. Elles chassent la nuit quand il n’y a pas beaucoup de lumière pour les aider à voir…
Parce qu’elles se servent des sons!
En effet, les chauves-souris utilisent l’écholocalisation, c’est-à-dire qu’elles produisent des ondes sonores supérieures à une fréquence que l’humain peut entendre, soit les ultrasons. Les ondes sonores rebondissent sur les objets qui se trouvent dans l’environnement de la chauve-souris, puis reviennent à ses oreilles pour lui indiquer l’emplacement des choses.
Cela leur donne un avantage dans l’obscurité et fait d’elles des prédateurs nocturnes très efficaces.
Selon leur taille, les chauves-souris peuvent manger entre 1 000 et 4 000 insectes en une seule nuit, y compris des papillons de nuit!
Vous devez vous demander quel est le rapport avec le papillon lune…
Eh bien, pour éviter d’être le prochain repas des chauves-souris, ils ont mis au point un moyen intéressant d’échapper à l’écholocalisation des chauves-souris.
Lorsqu’un papillon lune vole, les magnifiques pans de sa queue s’agitent et tournoient.
Le battement déplace l’emplacement des échos d’une chauve-souris, et le tournoiement disperse le son dans différentes directions.
La chauve-souris est attirée par la queue et attaque le mauvais endroit, ce qui permet au papillon lune (moins une partie de sa queue) de s’envoler et d’avoir une seconde chance de vivre.
Cette relation complexe a permis aux chauves-souris et aux papillons lunes de s’adapter pour déjouer les ruses sonores de l’autre.
Voilà qui nous rappelle que la nature est tout aussi complexe qu’elle peut être belle et fascinante, et qu’elle constitue en fin de compte une course à la survie.
La prochaine fois que vous vous émerveillerez devant un papillon lune, rappelez-vous que sa beauté n’est pas seulement un plaisir pour les yeux : la forme de ses queues et le son qu’elles produisent lui permettent de survivre et de poursuivre le cercle de la vie!