butterfly on leaf

Les papillons : un signe du printemps méconnu

Le billet d’aujourd’hui a été rédigé par le personnel du programme Découverte du parc provincial Charleston Lake.

Le printemps arrive!

Quand on pense aux signes du printemps, on pense aux oiseaux migrateurs qui reviennent après l’hiver, aux fleurs sauvages offrant leurs couleurs magnifiques et aux  arbres bourgeonnants.

Mais avant cela, il y a souvent un autre signe du printemps : les papillons.

C’est bien cela, les papillons! Un signe du printemps au parc Charleston Lake est la présence de ces magnifiques insectes ailés qui virevoltent dans la nature.

Pas si fragiles!

De nombreuses espèces de papillons vivent les mois froids et enneigés sous forme de chenilles, tandis que d’autres passent l’hiver aux stades de l’œuf ou de la chrysalide.

Certaines espèces migrent au sud à l’âge adulte, comme les monarques.

Les monarques sont très connus mais, tout aussi impressionnants, il y a des espèces de papillons capables de survivre l’hiver en Ontario à l’âge adulte (même si c’est à l’état dormant).

On voit virevolter la grande vanesse au printemps, entre mars et juin, dès qu’il fait assez doux pour conserver sa température durant le vol

On peut voir certains de ces insectes résistants dans le parc au début d’avril, voire déjà à la fin de mars certaines années (alors qu’il y a encore de la neige au sol) si la température dépasse les 10° C.

Ces insectes « à sang froid » (ectothermes) volent dans la nature bien avant que les oiseaux migrateurs « à sang chaud » ne soient revenus dans le parc.

Mais comment font-ils?

Les papillons sont attirés par les fleurs et leur doux nectar, mais il y a peu de fleurs au tout début du printemps.

Cela ne pose aucun problème à nos vaillants papillons!

Divers types de papillons, comme le morio, la grande vanesse et le polygone virgule, sont généralement plus attirés par les excréments des animaux, les fruits pourris, la charogne (carcasses d’animaux morts) et la sève des arbres. De plus, ils se nourrissent des liquides sur les sols humides où les animaux ont uriné.

Cela signifie qu’ils peuvent être actifs et voler dès le début du printemps, avant l’éclosion des fleurs.

Certains, comme le morio et la grande vanesse, utilisent pour se nourrir des trous dans les arbres (« puits de sève ») qui ont été creusés par un oiseau appelé le pic maculé.

woodpecker perched on trunk of tree
Le pic maculé creuse des « puits de sève » dans les arbres, qui permettent aux papillons de se nourrir au début du printemps

Le pic maculé creuse des trous pour en extraire la sève dont il se nourrit, ainsi que des petits insectes que la sève attire. Cet oiseau revient généralement de sa migration au début d’avril.

Se réchauffer par les ailes

Au début du printemps, les papillons font face à des défis de taille, car les conditions météo sont incertaines et il peut faire froid certains jours.

Comme les papillons ont une température corporelle qui dépend de la température environnante, ils doivent réchauffer les muscles de leurs ailes pour pouvoir voler.

A Mourning Cloak on a park staff’s boot
Un morio posé sur la botte d’un membre du personnel du parc

Le morio emploie des moyens intéressants pour se réchauffer :

  • Il tremble, ce qui hausse la température de son corps de 8 à 10° C.
  • Il absorbe de la chaleur du sol (qui est plus chaud que l’air).
  • Il a de longs poils sur le thorax qui retiennent la chaleur comme une couche isolante.
  • Il ouvre largement ses ailes et s’expose aux rayons du soleil pour en absorber la chaleur. Comme ses ailes foncées absorbent facilement la chaleur du soleil, il peut rapidement hausser la température à la base de ses ailes à 45° C.

Le morio est capable de voler en profitant des journées plus douces. S’il fait froid, il n’est pas actif et ne vole pas.

Les couleurs saisonnières

Les papillons que nous voyons au début du printemps sont devenus adultes durant l’été de l’année précédente.

Par exemple, il y a deux générations d’adultes chez le polygone virgule dans une année, avec leurs propres caractéristiques. La première a une forme estivale plus foncée (de juin à juillet) et la seconde a une forme plus pâle pour passer l’hiver (de la fin de l’été à l’automne).

Eastern Comma feeding on a rotting crab apple.
Un polygone virgule se nourrit d’une pomme pourrie

C’est la longueur de la journée quand le papillon est au stade de la chenille qui détermine sa forme (hivernale ou estivale).

Les polygones virgules plus pâles comptent parmi les derniers papillons que l’on voit en automne, avant qu’ils ne commencent leur « pause hivernale » comme adultes. Ils hivernent, puis reprennent leurs activités au début du printemps.

Une longue vie

Les morios adultes que l’on voit au début du printemps sont devenus adultes en juillet de l’année précédente.

Dans la plupart des cas, ce sont eux qui pondent des œufs en mai le printemps suivant. Cela signifie que leur vie d’adulte dure entre 10 et 11 mois, ce qui est remarquable! C’est une durée de vie plus longue que celle des monarques qui migrent vers le Mexique pour l’hiver.

Ainsi, ils comptent parmi les papillons qui vivent le plus longtemps dans le parc — vraiment impressionnant!

Restez aux aguets!

Au début du printemps, alors que vous attendez avec impatience le retour des beaux jours, soyez aux aguets, car vous pourriez voir ces papillons remarquables.

Même s’il est tôt dans le calendrier, ces papillons sont une belle surprise, un signe que le printemps est arrivé!