Charismatique ou non charismatique… telle est la question

La publication d’aujourd’hui nous vient de Hope Freeman, naturaliste principale au parc provincial Grundy Lake. 

Avez-vous déjà entendu l’expression « espèces en péril »?

Peut-être que oui, peut-être que non.

Au cas où vous ne le sauriez pas, une espèce en péril est une espèce végétale ou animale menacée d’extinction à l’échelle mondiale ou dans une zone locale (on parle alors de « disparition locale »).

Chaque espèce en péril est menacée pour diverses raisons, mais le dénominateur commun est presque toujours la perte d’habitat.

On distingue différents « niveaux » de risque pour les espèces, allant de préoccupant à disparu.

Nous devons éviter qu’une espèce atteigne le niveau de risque correspondant à espèce en péril!

Qu’est-ce qu’une espèce charismatique? 

Répondons à cette question par une autre question.

Quelle plante ou quel animal vous est venu à l’esprit lorsque j’ai évoqué le terme « espèce en péril » au début de cette publication?

Était-ce une espèce comme l’ours polaire, menacée au niveau provincial, ou le loup de la région d’Algonquin, menacée d’extinction? Ce sont les espèces qui nous viennent le plus souvent à l’esprit lorsque nous pensons aux plantes et aux animaux menacés.

L’ours polaire, une espèce menacée

Nous sommes moins enclins à penser au toxolasme nain (une moule d’eau douce), une espèce pourtant elle aussi menacée.

Les ours polaires et les loups sont ce que l’on appelle des espèces « charismatiques ». Il s’agit d’espèces bien connues qui servent de symboles pour la sensibilisation et la mobilisation en faveur de la conservation des espèces. Les espèces charismatiques comprennent les plantes et les animaux qui font naître en nous un sentiment de fascination, de curiosité ou même de crainte.

Les espèces avec lesquelles nous nous sentons plus proches sont souvent plus appréciées que celles avec lesquelles nous n’avons pas d’affinités.

Seriez-vous vraiment prêt à vous battre pour la protection du phégoptère à hexagones, une espèce pourtant menacée? Cette espèce est un peu moins attrayante que le papillon monarque, non?

Faites l’expérience de dresser une liste des espèces pour lesquelles vous ressentez une connexion et d’expliquer pourquoi. Qu’est-ce qui vous attire dans ces animaux et ces plantes? Les trouvez-vous mignons et câlins, espiègles et charmants ou mystérieux et puissants?

Qu’en est-il des espèces non charismatiques?

Si les espèces charismatiques jouent un rôle important dans notre motivation à protéger les espèces, il ne faut pas non plus oublier les besoins des espèces en péril auxquelles nous pensons moins souvent.

Saviez-vous que trois des espèces de lichens indigènes de l’Ontario (en voie de disparition) et une espèce de mousse (menacée) figurent sur la liste provinciale des espèces en péril? Bien que peu charismatiques, ces espèces discrètes jouent un rôle écologique vital en servant de nourriture, d’abri et de matériau de nidification à d’autres membres de l’écosystème.

Qu’en est-il des 21 espèces de mollusques menacées, dont les escargots et les moules? Ou des 83 espèces de plantes en péril? Tout comme le lichen et la mousse, chacune de ces espèces non charismatiques joue un rôle essentiel dans son écosystème, rôle que la perte d’habitat vient compromettre.

Pitcher's Thistle
Le chardon de Pitcher, une espèce menacée

Au risque de me répéter, je tiens à souligner que toutes les espèces en danger ont besoin d’attention. Mais actuellement, les espèces non charismatiques sont beaucoup plus susceptibles d’être négligées et sous-estimées.

Comment faire pour tisser des liens avec les espèces qui ne sont pas charismatiques?

Voilà une mission tout indiquée pour Parcs Ontario!

Les parcs provinciaux et les réserves de conservation permettent de protéger les espèces menacées par des facteurs tels que la perte d’habitat.

En fait, ces zones protégées constituent peut-être le seul refuge dont disposent encore certaines espèces menacées! Ainsi, le seul spécimen qu’il nous reste d’un lichen en voie de disparition au niveau provincial (population des Grands Lacs) se trouve dans un parc provincial.

group at exploration station

Parcs Ontario permet également aux visiteurs de découvrir et d’apprendre à apprécier toutes les espèces en péril de l’Ontario, qu’elles soient considérées comme charismatiques ou non.

Bon nombre de parcs provinciaux abritent des centres de découverte et offrent des programmes Découverte permettant aux visiteurs de se sensibiliser aux espèces de façon significative.

Les expériences uniques des visiteurs de ces parcs peuvent les amener à mieux apprécier les plantes et les animaux qui s’y trouvent ou les espaces verts en général.

Nous espérons que ces activités inciteront les visiteurs à participer à des initiatives scientifiques communautaires de surveillance des populations d’espèces dans un parc provincial ou ailleurs.

À la recherche d’un représentant

En ce qui concerne la surveillance des populations d’espèces, le parc provincial Grundy Lake a mis en place un projet de surveillance des tortues qui vise à sensibiliser le public aux populations de tortues en péril qui se trouvent dans les limites du parc.

La tortue mouchetée était le choix évident pour l’affiche du projet. Son menton jaune vif et son sourire en font un reptile très attachant.

Blanding's Turtle
La tortue mouchetée, une espèce menacée

La tortue mouchetée est non seulement très mignonne, elle est aussi considérée comme une espèce menacée au niveau provincial et fédéral. Elle a donc besoin de notre aide.

Les tortues de l’Ontario occupent un large éventail d’habitats, allant des affleurements rocheux aux zones humides en passant par les forêts. En conservant les tortues et leurs habitats, nous protégeons également les espèces non charismatiques, notamment les plantes, les amphibiens et les autres reptiles.

Aidons les espèces en péril vivant à l’intérieur et à l’extérieur des parcs

Que pouvons-nous faire pour aider les espèces en péril, sachant que la plupart d’entre elles sont menacées par les activités humaines?

Le plus important, c’est de se renseigner sur les espèces en péril présentes dans votre région, même sur celles qui attirent moins l’attention ou ne sont pas aussi « intéressantes » que d’autres.

person using phone to take photo of plant species

Vous pourriez éventuellement participer à un programme Découverte dans un parc provincial, qui met l’accent sur les espèces en péril.

Cherchez des initiatives scientifiques communautaires telles que les bioblitz et participez-y, soumettez toutes vos observations de plantes et d’animaux à iNaturalist ou portez-vous volontaire pour participer à un projet de surveillance.

Tous les parcs provinciaux sont uniques en leur genre, tout comme les espèces en péril de la province.

La prochaine fois que vous vous rendrez dans un parc, demandez au personnel comment vous pouvez représenter les espèces sous-représentées!

Cette publication est la neuvième de notre série sur les espèces en péril pour 2023.

Lire notre précédente publication : (Ne craignez pas) la couleuvre à nez plat de l’Est