Aller à Quetico, en partir et y revenir : un conte

Le billet d’aujourd’hui a été rédigé par Gavin Morito-Karn, spécialiste technique des parcours de canot au parc provincial Quetico.

En 2019, j’ai passé l’été à parcourir en canot une grande partie des vastes étendues de l’un des cours d’eau du Canada.

J’ai voyagé en compagnie de Brigitte Champaigne-Klassen (aussi ancienne membre du personnel de Quetico) de Cochrane, en Alberta (à l’ouest de Calgary), au lac Nym, situé au bord de Quetico, soit un parcours d’environ 4 500 km.

La plupart du temps, nous avons navigué sur des cours d’eau peu familiers traversant des prairies et des lacs artificiels.

Nous suivi le serpent limoneux de la rivière Saskatchewan, le long de terres agricoles, de dunes, de cantons, de villes et de réserves – une artère de civilisation.

Ces eaux renfermaient des histoires que je n’avais encore jamais entendues.

Un relief nouveau

Vivre un retour entraîne une émotion complexe qu’il est difficile de décrire avec des mots.

staff sitting on campsite

C’est comme l’odeur d’un lieu familier de notre enfance ou le visage souriant d’une vieille connaissance.

Cela nous fait « vibrer », en quelque sorte. Il y a une énergie magnétique, comme quand on se trouve dans le lieu auquel on sent qu’on appartient et avec les personnes avec lesquelles on se sent bien.

C’est ce que j’ai ressenti après plusieurs années d’éloignement du parc provincial Quetico – ses lacs, ses rochers, ses mousses et ses tourbières.

À l’été 2019, j’avançais lentement en canot pour atteindre des plans d’eau familiers quand, tout à coup, percevant le bruit du vent à travers les pins blancs, j’ai levé les yeux et vu le ciel étoilé de Quetico.

Une artère de civilisation – qui revenait au cœur.

sunset over lake

Quetico – de grands espaces sauvages pour tant de gens, Le Quetico pour certains scouts américains et des terres ancestrales et actuelles pour de nombreux Anishnaabeg – amis, aînés et pairs respectés du passé et du présent.

Tout à coup, je me sentais chez moi. Comme aspiré. Magnétisé!

Ce parc : mon espace familier depuis 2010

Quand je suis arrivé à Quetico pour la première fois comme étudiant, cheveux au vent et regard brillant, j’ai découvert ses cours d’eau et leur relief.

staff paddling in canoe

J’ai porté les histoires des gens que j’ai rencontrés, dont certains font maintenant partie de ma famille du Nord.

C’est dans ce parc que, pour la première fois, j’ai ressenti le rythme des rames et que j’ai goûté à l’eau pur d’un lac.

C’est ici que j’ai appris qu’il faut absolument éviter le ruisseau Allan, à moins d’aimer souffrir ou d’avoir une raison mystérieuse de vouloir y aller.

À Quetico, j’ai reçu des enseignements qui ont formé ma vision du monde.

C’est là où j’ai procédé pour la première fois au rituel du tabac aux côtés de feu Edward Ottertail et, à chaque fois que je retourne à cet endroit, j’étale le tabac sacré; pour lui, pour les liens qui nous avions, pour cette terre que j’aime et pour moi-même.

Je suis retourné au parc provincial Quetico cet été parce que parfois quand on retourne quelque part, on trouve que le nouveau et l’ancien peuvent se mêler et se transformer pour devenir un espace unique.

canoe shored on rock

Quand je parcours les cours d’eau de ce parc maintenant, je peux entendre les histoires de ceux et celles qui les ont vécues avec moi, libérant l’esprit des eaux et des roches partout où je vais.

Ici, je fais partie de quelque chose de plus grand que je ne le voudrais. À Quetico, je suis une petite partie du passé, du présent et du futur.

Et comme partout, ce sont souvent les gens que l’on rencontre qui gravent sur la pierre les histoires qui flottaient sur l’eau.

Je souhaite à tous ceux et celles qui viennent dans ce parc – même pour une courte durée – de ressentir le même amour pour cet espace.

Le parc provincial Quetico se trouve à deux heures et demie de Thunder Bay.