Le billet d’aujourd’hui provient de Jazmin Gall, responsable adjointe par intérim du programme Découverte au parc provincial Samuel de Champlain.
L’apparition d’un original offre sans aucun doute un magnifique spectacle.
Avoir la chance d’en voir un en camping laisse un souvenir impérissable, que l’on garde à jamais en soi.
Malgré sa taille imposante, les orignaux sont parfois difficiles à repérer. Trouver des traces ou des bois tombés d’un orignal n’a donc rien de banal!
Les ramures, pas seulement une parure
La découverte inopinée d’une ramure d’original lorsqu’on se promène dans les bois procure toute une sensation.
Certains ramassent les bois pour les accrocher au-dessus d’une cheminée ou d’une porte, comme un trophée ramené à la maison.
Les orignaux sont certes des créatures impressionnantes, et ils méritent d’être appréciés à leur juste valeur. Il en va de même pour leurs bois. La meilleure façon d’exprimer son appréciation? Prendre une photo, puis poursuivre son chemin.
Voici les raisons pour lesquelles il faut résister à l’envie de garder une ramure trouvée :
La ramure est une source de nourriture pour la faune
Chaque printemps, une nouvelle paire de bois pousse sur les orignaux mâles, qui impressionnent alors les femelles et se démarquent de leurs concurrents potentiels.
À l’arrivée de l’hiver, la saison de reproduction étant terminée, les bois ne sont plus utiles et finissent donc par tomber.
Une fois dépourvu de ses bois, l’orignal poursuit sa vie comme si de rien n’était, allégé de quelques kilos! Toutefois, les bois n’ont pas fini leur cycle et serviront encore pour d’autres organismes.
De nombreux animaux recherchent leur présence au sol, dans la forêt.
Des rongeurs comme les souris, les tamias, les porcs-épics et d’autres animaux, entre autres les ratons laveurs, les lapins, les opossums, voire les cerfs, tirent parti des bois tombés en les rongeant et en les mâchouillant.
Comme nous, les animaux doivent avoir une alimentation équilibrée pour obtenir les vitamines et les minéraux dont ils ont besoin. En grignotant les bois et les os, ils en retirent du calcium et du phosphore, deux nutriments essentiels.
Mais si tous les orignaux mâles perdent leurs bois chaque année, comment expliquer qu’on ne trouve pas davantage de panaches ou même des bois partiellement rongés lors des promenades en forêt?
La raison en est fort simple : une fois que les animaux se sont servis, les bois se décomposent au contact du sol.
Les nutriments ainsi générés, ceux-là mêmes qui sont nécessaires à l’alimentation des mammifères, se libèrent et s’infiltrent dans le sol, devenant disponibles pour les plantes.
Les bois des cervidés jouent un rôle essentiel dans le cycle des nutriments d’un écosystème
Voilà pourquoi nous vous recommandons de laisser les bois par terre dans la forêt.
Nombre d’animaux et de plantes en dépendent pour leur croissance et leur développement. Ce n’est pas le cas des humains qui les apprécient plutôt en tant qu’œuvres décoratives.
Le principe de ne laisser aucune trace fonctionne dans les deux sens : si on veut éviter de laisser des traces de notre présence, il ne faut pas emporter avec soi des traces de vie sauvage.
Rappel : Il est interdit de retirer tout objet naturel d’un parc provincial. Vous encourez une amende si vous le faites.