Sur la piste des mystères de la migration

Le billet d’aujourd’hui a été rédigé par Hannah Stockford, interprète principale au parc provincial Bronte Creek, et Jax Nasimok, un étudiant qui s’intéresse au pluvier siffleur au parc provincial Darlington.

Il fut un temps où la migration des oiseaux était un grand mystère!

Les premières idées dont faisaient part les philosophes et les scientifiques à ce sujet il y a quelques siècles étonnent un peu de nos jours. Des exemples? Certains croyaient que les oiseaux hibernaient dans la boue au fond des lacs ou encore qu’ils volaient vers la lune!

Nous savons aujourd’hui que la plupart des oiseaux qui migrent le font pour trouver de la nourriture, se reproduire ou simplement se rendre dans un habitat saisonnier.

Bien que notre compréhension de la migration soit limitée, grâce à de nouvelles technologies comme Motus, nous sommes sur la bonne voie pour élargir nos connaissances afin de mieux comprendre et conserver la faune migratrice.

Qu’est-ce que Motus?

MOTUS logo

Le Système de surveillance faunique Motus (Motus en abrégé) est un réseau de recherche collaborative composé de stations de radiotélémétrie automatisées qui suivent les déplacements et la migration des oiseaux, des chauves-souris et des insectes à des fins de conservation.

Motus s’inscrit dans un programme de surveillance que mène Oiseaux Canada en partenariat avec de nombreux chercheurs et organismes.

Motus intervient sur trois plans :

1. Le souci de l’étiquette!

tag on bird
Étiquette émettrice Motus fixée sur un pluvier semipalmé par un chercheur autorisé Photo : Marley Aikens

Le premier volet d’intervention de Motus est la pose d’étiquettes émettrices. Des chercheurs soucieux du bien-être de l’espèce qu’ils étudient fixent en toute sécurité une petite étiquette ne pesant rien et alimentée par énergie solaire ou une minuscule pile.

Ces étiquettes-balises émettent un signal propre à l’oiseau ou l’animal qui les porte, ainsi détecté par les stations Motus situées à proximité.

Saviez-vous que des étiquettes émettrices ont été fixées sur plus de 300 espèces et plus de 40 000 individus à ce jour grâce à Motus!

2. Un signal clair et net!

Le deuxième volet repose sur un réseau de stations.

Des stations Motus sont disséminées à des endroits stratégiques dans le monde entier pour écouter les signaux émis par les différentes étiquettes-balises.

MOTUS tower

Lorsqu’un oiseau vole sur des centaines de kilomètres, il passe devant différentes stations Motus le long de sa trajectoire. Chacune de ces stations capte le signal de l’étiquette émettrice, ce qui nous permet de suivre l’itinéraire exact de l’oiseau pendant son vol!

En plus d’aider à suivre la migration, les stations Motus permettent aux chercheurs de suivre tout type de déplacement, qu’il s’agisse d’activités quotidiennes ou de comportements plus localisés, et même de mesurer le taux de survie d’une espèce.

Ainsi, si un individu passe beaucoup de temps dans une région, c’est peut-être parce qu’il s’y reproduit et y élève des petits! Les chercheurs peuvent aussi s’instruire sur la dispersion post-reproductrice et sur toutes sortes de raisons fascinantes pour lesquelles des individus se déplacent.

3. L’union fait la force!

Le troisième volet réside en la collaboration. Le réseau Motus doit son succès à sa capacité de rassembler des chercheurs, des protecteurs de la nature et des praticiens du monde entier.

Plus de 1 800 partenaires et collaborateurs unissent leurs efforts avec Motus en déployant des étiquettes émettrices, en installant des stations de réception ou en utilisant les données recueillies pour faire progresser la science et la conservation des espèces.

motus sign on tower

Cette coopération est essentielle, car les stations de réception peuvent être coûteuses à installer et à entretenir. Sans un réseau de stations multiples réparties dans différents pays, nous ne serions jamais en mesure de recueillir des données aussi précises et complètes que celles dont nous disposons aujourd’hui!

Carte illustrant où sont posées des tours de réception Motus partout dans le monde – à consulter, en mode interactif, ici. Photo : Motus

Parcs Ontario fait partie de l’équipe de suivi des migrations!

Bien qu’il existe de nombreuses tours de réception Motus dans le monde, il se peut fort bien que vous en ayez vu une dans l’un de nos parcs sans vous rendre compte de son importance pour la recherche sur les migrations. De nombreuses autres stations se trouvent à proximité de parcs ou sont intégrées, en ligne ou hors ligne, à nos divers projets.

Anciens participants

Ce que nous avons appris dans les parcs

Les détections réalisées par le réseau Motus dans les parcs de l’Ontario nous en révèlent un peu plus sur les tendances migratoires des oiseaux canadiens! Voici quelques découvertes impressionnantes…

Le 14 août 2021, une pie-grièche migratrice a été observée dans le parc provincial Sandbanks.

shrike perched on fence post

Cette pie-grièche faisait partie d’un programme de reproduction en captivité visant à contribuer au rétablissement de l’espèce – la pie-grièche migratrice est une espèce menacée en Ontario, et ses bastions provinciaux se trouvent à Carden Alvar et à Napanee.

D’où vient celle-ci et où va-t-elle? Grâce à Motus, nous le saurons peut-être un jour!

Le 17 mars 2023, on a enregistré la présence d’un bruant des neiges dans le parc provincial Pinery.

snow bunting in flight
Bruant des neiges en vol Photo : Jax Nasimok

Moins d’un mois plus tard, le 7 avril, le même bruant des neiges se trouvait à Sandbanks!

Trajectoire de vol du bruant des neiges enregistrée par Motus Photo : Motus

Entre ces deux points, ce bruant a volé vers le nord presque jusqu’à Owen Sound avant de se diriger vers le sud-est et de suivre la rive du lac Ontario en passant par Sandbanks.

Il a ensuite continué sa trajectoire vers le nord-est jusqu’à la périphérie de Montréal! Vous pouvez suivre sa trajectoire ici sur le site Web de Motus.

À Darlington, plusieurs hirondelles de rivage sur lesquelles on avait fixé une étiquette émettrice à Newcastle et à Courtice ont visité le parc en juin et juillet 2015.

Bank Swallow in flight
Hirondelle de rivage Photo : Jax Nasimok

Comme il y a de nombreuses falaises le long de cette partie du littoral du lac Ontario, il est probable que ces hirondelles se reproduisaient à proximité! Il s’agit d’une donnée importante, car l’hirondelle de rivage est considérée comme étant menacée en Ontario.

À la réserve de conservation de Torrence Barrens, nous avons examiné l’un des engoulevents d’Amérique qui avaient été repérés par la tour MOTUS du parc le 16 mai 2020.

Common Nighthawk swooping
Engoulevent d’Amérique

Nous n’en revenions pas du voyage qu’il avait fait! Retrouvez sa trajectoire de vol ici sur le site de Motus.

La migration est un phénomène magnifique!

Si nous sommes loin de tout savoir sur les migrations, c’est notre curiosité qui nous pousse à en percer les mystères.

Motus station

La prochaine fois que vous verrez un oiseau en vol, pensez à tous les endroits où il peut être allé, à tous ceux où il ira peut-être et à tout ce qu’il y a à apprendre sur une créature aussi merveilleuse!